Try to act like a rich duck.- Tiberius

Le déni serait tout aussi propice à expliquer ce qu'il se cache derrière cette carcasse affinée, où réside ce vilain petit sourire narquois dont il peine à se détacher. Présence austère et mêlée d'ombre, cette silhouette se laisse bien souvent distancé par l'amertume de ses pensées idéalisées. Il pourrait être ce qu'on nomme un vilain petit canard, les moindres remarques semblent être dirigés à son égard. Les moindres regards semblent être falsifiés. Le monde l'entourant lui ment ; et il se doit de survivre dans cette vague brutale de mensonges, où les faux regards percent sa cage thoracique.

S'il croyait avec ferveur à une époque que rien ne pourrait l'arrêter, la réalité des évènements le mène à se montrer bien plus intransigeant avec lui-même. La perfection qu'on lui avait tant réclamé l'épouse avec ferveur, à l'image d'une seconde peau qui avale sa personne. Voilà un nouveau monstre dans sa vie qui l'accompagne trop souvent ; la recherche de cette ébauche sublimée par ses bons soins. Si tout semble aller pour le mieux pour lui, si tout semble encore fonctionner pour sa personne, c'est parce que les apparences le condamne à rester dans cette inflexibilité. Droit, austère, ce revêtement mensonger est là pour sublimer les uniques attraits qui lui restent. Là pour combler les fissures qui se font de plus en plus nombreuses, là pour dissimuler toutes les lacunes qui le bouffent petit à petit. Ses entrailles sont dévorées avec appréhension ; car tout doit être parfait, méticuleux, et bien rangé. Le devoir l'appelle et est plus persistant que jamais, et l'absence de son paternel l'oblige à se montrer d'une prudence désespérée. S'il se défiait autrefois des lois et du savoir-vivre comme bon lui semblait, cet éclat trop vivifié de confiance ne peut plus être l'objet de son quotidien.
Son arrogance aux abois se doit d'être muselée, lui qui n'avait autrefois aucun filtre, qui laissait son nom en simple signe de supériorité. On lui avait tant donné, on lui avait tant accordé malgré les refus, qu'il pensait autrefois avoir le mérite de pouvoir tout avoir. Et maintenant qu'on lui retire ses biens, maintenant qu'il prend enfin conscience des conséquences, des valeurs de l'argent, il se montre d'autant plus possessif et avare, auprès d'un argent qui ne lui appartient pas officiellement. Le silence accompagne bien souvent sa silhouette désagréable, aux remarques acérées. Tiberius ne cherche même plus à se montrer aimable maintenant que son nom s'est vautré dans la boue. Tout n'est plus qu'une question de loyauté qu'il recherche avidement, en quête de solutions pour sa situation. Tout n'est plus qu'une question de sensations fortes qu'il recherche avidement, maintenant que ses émotions se sont terrés lointainement à sa personne. Incapable de s'accrocher sur la durée, il se réfère à l'éphémère, aux instants rares et précieux, qui se réverbèrent dans son thorax en une pluie de couleurs vivaces.
Centré sur sa personne, Tiberius se réfère d'abord à les avantages qu'il peut prendre ; il n'est pas désagréable à proprement parlé. Il s'enferme dans une politesse bien souvent hautaine lorsqu'il se trouve en public, mais les évènements l'oblige à devoir se montrer plus ouvert dans ses idées, et dans ses propos.

bambin Né dans la moiteur d'un lit, des bras si aimants l'entouraient autrefois. Les membres si chaleureux, qui réconfortaient avec tant d'ardeur ses cris de désespoir, étaient devenues des armes par la suite. De fines lames qui taquinaient son épiderme pâle, prête à pourfendre cette chaire sublimée aux moindres froissements contraires. Si l'odeur laiteuse l'accueillait autrefois, il n'irait pour rien au monde de nouveau contre la poitrine de cette silhouette malencontreuse. Tiberius, premier né de son paternel. Tiberius, fils Travers, au destin tracé par ses aïeux.enfance Le cabot est déjà muselé ; sa prestation est déjà surveillée. On lui fait courber l'échine, et il devient ce paon soigneusement vêtu, qui ne connaît aucunement ses limites. Tiberius grandit dans cette volupté grandiloquente, où rien ne semble être refusé pour sa charmante personne. Les elfes de maison sont à ses bons soins. Il n'a qu'à réclamer dans un claquement de langue, qu'il a aussitôt l'espérance que les moindres de ses désirs soient exaucés. C'est alors avec évidence que les ordres quittent ses lèvres, dès cet âge déraisonné qu'était l'enfance. Son regard affiné cherchait des réponses, il réclamait un chien et on lui en offrait un. Il réclamait un jouet, il en avait un nouveau. Aucunement par goût d'en faire un vilain et mesquin fripon, mais l'absence de ses parents dans le manoir le mène vers une vie particulièrement austère, où ses rares sorties se limitent à des rencontres de convenances et arrangements entre familles. Tiberius comprend assez tôt que ses parents sont importants, les visites sont nombreuses ; les rangs accueillis dans ce manoir éthéré s'agrandissent au fur et à mesure. Et l'enfant se sent tout aussi prestigieux, comme si le pouvoir n'était qu'un jeu de bon sens, et d'argent. Mais s'il y avait une chose qu'il n'avait aucunement désiré, c'était sa petite soeur. Présence superflue dans sa vie, cette part de féminité empiète sur sa masculinité tragique. Une petite fleur parmi la menthe entêtante. Une poussière de fée audacieuse, un grand sourire festif derrière cette part d'ombre. Une pluie de pétales venant danser parmi les rayons lustrés de l'astre diurne.

Poudlard. Tiberius ne le comprend que tardivement ; certains mots n'ont jamais été évoqués en sa présence. Les mots murmurés qu'il avait entendu derrière les portes prennent plus d'importance. Mangemort. Tu-sais-qui. La guerre est terminé, les Travers se sont sortis sans encombre il y a quelques années. Des fervents et amateurs discrets, qui ont criés à l'impero aux moindres soucis. Mais personne ne les a dénoncé. Tiberius ne tarde pas à se mêler à d'autres camarades, aux sangs illustres, il serait inconcevable de traîner avec des sang-de-bourbe. Sa scolarité se passe sans encombre. Il est célèbre, il se joue des femmes et de leurs cœurs fragiles, de leurs peaux divines qu'il s'amuse à effleurer. L'assurance est quelque chose qui s'éprend vite de lui, où les doutes ne sont permis. Sa personne égocentrée se voit vêtir d'une délicieuse réputation ; son sourire narquois se redresse, s'affine. Le quidditch est une passion prenante, la seule qui daigne sincèrement l'intéresser. Non pas qu'il soit mauvais en cours, mais il n'est pas forcément bon non plus. Ou du moins, n'y trouve pas grand intérêt. Il préfère briller, s'illustrer par tous les moyens possibles, se perd derrière des images qu'il ne sera jamais. Sa scolarité se finit sans encombre, il quitte Poudlard sans savoir que faire. Docilité. Son éclat ne transparaît pas dans sa vie quotidienne. Le retour brutal à la réalité l'amène à penser qu'il n'est pas aussi génial qu'on avait osé lui prétendre. Son oeil voit davantage désormais, et le monde s'ouvre sous son regard acéré, prêt à dévorer tout être qui se mettra en travers de son chemin. Mais alors qu'il rêve de gloire et d'attention, son père finit par le pousser vers le Ministère. En stage, tout d'abord, finit par le recommandé de façon vivace. Un ami de son paternel finit par l'accepter auprès de lui, il devient assistant au sein du service de la Justice Magique. Les échelons sont pénibles à monter, mais sa réputation se doit d'être préservée ; alors il se montre impeccable. Puis il finit par l'apprendre. Par des murmures, par des regards voilés, que sa famille s'est endettée à cause de la guerre, qu'elle remonte difficilement la pente à cause de l'argent donné à la cause d'un certain Voldemort. Puis il finit par l'apercevoir ce désespoir qui s'est épris de son paternel, qui le pousse vers des soirées de jeux où l'argent coule à flots ; le paternel finit par y inviter son fils. L'argent, l'appât, l'argent. Encore, encore, encore. Toujours plus.  

He's back. Les murmures se poursuivent. On dit que Tu-sais-qui est de retour. L'annonce fait courber son échine, alors qu'un malheureux frisson se glisse sur sa colonne vertébrale. La gazette froissée de mécontentement, Tiberius connaît déjà la suite. Son père va replonger, mêlant leurs petites affaires à un mage noir répudié. Mais contrairement aux attentes, son père craint suffisamment Voldemort pour le fuir et faire profil bas. C'est sa mère qui replonge ; derrière ce sourire carmin se cache une joie profonde, une quête de reconnaissance de sa situation. Tiberius s'en mêle pas, reste lointain à toute cette attention, se contente d'observer le tout d'un oeil voilé. Il est trop jeune pour donner son avis, il n'est pas un pion alléchant pour le moment. Alors, il reste dans cette ombre préservée, reste dans cette pénombre familière, et n'en sortira que lorsque ça sera nécessaire. Il se contente d'évoluer dans son travail, se fait suffisamment petit et évolue sans encombre. Différences. Sa soeur était l'illustre chance d'un brin d'espoir dans cette famille. Une rare lueur de lucidité derrière tout ses traits, attrapée d'une bonté vorace. Si bien qu'elle ne tarde pas à se détourner de la famille lorsque les évènements se précipitent. Elle reproche à son frère d'être aveugle, de se laisser porter par les évènements. Il est incapable de reprocher quoique ce soit ; parce qu'elle a raison. Il se laisse porter, car la morsure gelée de la mort taquine déjà ses côtes. Tiberius le sait pertinemment, il est un choix d'exception pour la suite, un vilain pion qu'on ferait sauter s'il gênait. Il se contente d'observer sa soeur s'éloigner, devenir quelqu'un de bien. Il vole de l'argent de la famille pour elle, pour qu'elle soit en sécurité. Il se contente de serrer les dents lorsqu'elle lui fait rencontrer un né moldu, qu'elle prend pour compagnon. Mais elle voit le monde différemment, avec plus de couleurs, plus d'espoirs, mais elle en rattache bien trop à son aîné, à mesure qu'elle tente de l'éloigner de sa laisse familiale. Et si le cabot est rattaché avec fermeté, il s'assure ses arrières.

Dépit. Tiberius ne croit pas vraiment aux discours de Voldemort, tout comme il ne croit pas en cette révolte audacieuse menée par Potter. Il se contente d'apprendre à survivre, et en tout bon opportuniste, à migrer d'un camp à l'autre comme bon lui semble. Il a simplement envie de vivre, qu'on lui laisse tranquille. Il se comporte bien, alors on le laisse à sa place, il se contente de travailler, de ne jamais faire plus que ce qu'on lui a demandé ; il fait attention, n'attire plus les regards sur sa silhouette. Le serpent s'emprisonne dans une cage dorée, le temps qu'il puisse percevoir davantage le monde, et mieux l'usurper. Guerre. S'il s'était surpris à jouir d'une tranquillité méprisable, vient l'instant fatidique. Son paternel est appelé à Poudlard. Et Tiberius le sent, Voldemort doit gagner ce soir, il est temps pour le serpent de mettre ses derniers points et de faire bonne figure. Son sang est pur, sa droiture excellente, il saura s'installer avec aisance dans ce monde sorcier tragique qui arrive. Mais son cœur pulse dans ses veines, il doit revoir sa soeur une dernière fois et la pousser à fuir ailleurs avec son né-moldu. Mais en rentrant dans l'appartement, c'est le pourpre qui l'accueille. Un corps tuméfié d'un homme qu'il reconnaissait aisément. Tiberius se sent défaillir ce soir-là, lorsque ce corps l'accueille, que le sang finit par tâcher ses chaussures, et ses mains lorsqu'il tente de l'éveiller. Mais la plaie est béante, et le corps commence déjà à refroidir. Premier corps, journée de merde.
Puis vient les sanglots lourds et lointains. Des hurlements alertes qui découlent de la salle de bain. Des gémissements profonds, âme éplorée tentant de se débattre dans ce monde néfaste. Il retrouve sa soeur dans la baignoire, en sang, nue, en larmes. Vivante. Et il la sent ; cette rare étincelle d'amour qu'il voue à son égard malgré les apparences, malgré leur relation foireuse détruite par leur famille. Cette maigre affection qui le pousse à l'enrouler dans une serviette, et la serrer jusqu'à ce que les larmes se taisent, en attentes d'explications qui ne viennent jamais. Mais le calme ne revient jamais, parce qu'elle tente de lui montrer encore et encore, elle pointe son corps frêle et tuméfié. Elle tente de lui expliquer que son corps la brûle, qu'elle se sent déchirée peu à peu. Tiberius n'a même pas besoin de l'observer davantage qu'il la sent sur elle. Cette magie noire qui plane sur sa personne, qui commence à la dévorer petit à petit. Une malédiction.

The end. Il apprend la nouvelle à l'hôpital. Harry Potter a gagné. Le cadavre de son père gît quelque part à Poudalrd, au milieu des autres ; un corps qui sera oublié et jeté. Tiberius se sent lointain de tout ceci, se contente de livrer une attention tout particulière au chevet de sa soeur. On leur parle d'un sort qui la dévore petit à petit, qui la tue malicieusement jusqu'à ce qu'elle ne soit plus capable de marcher. La faucheuse l'avale petit à petit, une mort lente et désespérée, qu'ils devraient se contenter d'observer e temps qu'ils trouvent des solutions.
Puis un soir il finit par l'apprendre, alors que ses doigts se sont emmêlés dans la chevelure de sa soeur pour l'endormir. C'est leur mère qui a fait tout ceci ; une tentative primitive de la ramener à la cause tout d'abord, puis tout avait dérapé lorsqu'elle avait appris pour le né-moldu. Sa rancœur était devenu virulente. Et pour la première fois, Tiberius se sent maussade, vidé de toute énergie. Ce n'est plus ses propres envies qui se limite à son existence, ce n'est plus la colère qui anime sa vie, seulement ce désespoir glacial qui le pousse à dénoncer sa mère, à dénoncer ses actes. Du début jusqu'à la toute fin. sans déformations, l'unique vérité, la plus pénétrante et horrible. Puis tout se précipite ; sa mère est arrêtée à force de raison. On interroge son fils, sa propre implication, mais aucun fait ne peut faire l'objet de plainte, alors qu'il s'est contenté de suivre les ordres du Ministère actuel. Le Manoir est fouillé, vidé, détruit par endroit par colère. La réalité rattrape Tiberius. Les dettes se sont accumulés, les frais hospitaliers pour sa soeur sont éreintants. Le voilà condamné à survivre une nouvelle fois, différemment. Le temps déchire sa peau, cabosse sa carcasse arrogante qui tente de se faufiler vers une quiétude promise. Mais ne lui vient que cet effroi glacial qui le pousse à se montrer trop vigilent, paranoïaque. Le cadavre hante ses nuits, sa soeur hante ses nuits. Mais elle est encre là. Vivante, pétillante d'une vie qui se détache peu à peu de sa silhouette, présence qu'il verra s'éteindre peu à peu, dévoré par une malédiction que sa mère refuse de décrire malgré les visites véhémentes de son aîné. Le voilà condamné à se rattacher aux moindres lueurs ; car il ne lui reste plus qu'elle, son sourire effacé, et la fatigue de plus en plus permanente, présence étouffante qui lui écrasait la poitrine. Ne lui restait plus qu'elle. Ses larmes, et cette colère audacieuse, qui était devenue une bonne amie.