safe and sound (hermione)

Le soleil pas encore levé sur la capitale, Hermione l’était elle, assise sur la terrasse menant au jardin de la maison des Granger. Couverture sur le dos et l’une de ses flammes bleues dans un bocal à ses côtés, elle observait le calme qui régnait encore sur Londres à cette heure trop matinale pour le commun des mortels. Mais le sommeil était un luxe qu’elle n’avait pas vraiment réussi à s’offrir ses dernières semaines et ce, même si la principale menace du monde magique avait été tuée. Détruite même pour être plus précis, détruite comme le lieu qui avait servi à la bataille finale, détruite comme tous les combattants, morts et vivants. Si l’épuisement pouvait encore se lire sur son visage, il était difficile pour elle de fermer l’œil une fois la nuit tombée, la peur des images que son esprit lui permettait de voir en rêve – ou plutôt en cauchemar – venait gâcher toute envie de laisser son corps se reposer tranquillement. Il avait pourtant bien fallu qu’elle dorme et pour y parvenir, la sorcière avait eu recours à une potion sans-rêves cependant, les effets addictifs l’empêchaient d’en prendre tous les jours. C’était sans doute le seul contrôle qu’elle avait encore sur elle et d’une certaine façon, Hermione en avait besoin. Alors tant pis si ça signifiait se coucher tard et se lever tôt, tant pis si elle continuait à parfaitement voir le lever du jour parce qu’au moins, elle avait la fierté – bullshit – de pouvoir dire que la guerre lui avait pris beaucoup mais pas ça. C’était stupide et elle en avait conscience mais quand plus rien n’avait de sens, ne fallait-il pas se raccrocher à quelque chose, même d’infime ? Soupirant à cette dernière pensée, son sang ne fit qu’un tour en entendant du bruit à quelques mètres et instinctivement, elle pointa sa baguette devant elle. Et elle savait qu’elle était actuellement dans le Londres moldu, elle savait qu’il y avait peu voire aucune chance de se retrouver face à un sorcier malfaisant ou une créature magique, elle le savait, mais son cerveau lui ne laissa pas le temps à la jeune femme de voir les choses sous cet angle là parce que déjà, elle s’était levée, inutilement cachée derrière une chaise en bois du salon de jardin, prête à attaquer. C’était comme se retrouver en camping à nouveau quand les rafleurs les cherchaient, comme se retrouver sur le champ de bataille à nouveau à devoir se battre pour sa vie. Elle sentit les battements de son cœur s’accélérer, la peur prendre le dessus, avant que l’objet de cette crainte ne sorte de sa cachette et qu’elle ne lance un « Stupéfix ! » sans la moindre hésitation. Le calme revenu mais sa respiration non, elle resta plantée là pendant de longues secondes avant de s’approcher de la forme immobile et réaliser qu’il s’agissait d’un rat. Un rat pas plus grand que son avant-bras, quasi-inoffensif qu’elle avait stupéfixé sans raison apparente autre que sa présence dans cette cour. Prise de tremblement, elle attrapa sa couverture, son bocal et entra dans la maison en reclaquant la porte, l’accès direct sur la cuisine lui permettant d’aller jusque l’évier et se passer rapidement de l’eau sur le visage. Elle se sentait plus idiote que jamais, plus désespérée que jamais aussi et sa seule consolation sur l’instant était de se rappeler qu’aujourd’hui, elle quittait cet endroit hanté pour de bon.

Un dernier regard vers la porte, le même qu’elle avait donné il y a plus d’un an après avoir effacé la mémoire de ses parents en pensant qu’elle ne reverrait plus jamais cette maison, elle replaça le sac de sport qu’elle tenait sur son épaule et se faufila dans une rue déserte pour pouvoir transplaner. Wimbourne était une ville charmante – ce fut en tout cas sa première impression en posant les pieds sur son sol – et Dorset qui n’avait pas fait partie des arrêts auxquels Harry, Ron et elle avaient eu droit pendant leur périple à travers l’Angleterre. Un petit rire nerveux à cette réflexion, elle secoua la tête et chercha l’adresse de Katie qu’elle avait écrite sur un bout de papier la dernière fois qu’elles s’étaient vues. Des retrouvailles qui lui avaient faites chaud au cœur et une invitation à emménager chez elle qu’Hermione avait d’abord refusé mais la Bell avait insisté et la née-moldue n’y avait finalement vu que les avantages. Elle aurait pu – ou essayé – de trouver un appartement en location à Londres mais la solitude l’effrayait plus qu’elle n’oserait l’avouer. Et c’était paradoxal quand on savait qu’elle avait passé tout son temps seule, loin de la foule et des radars… Bâtiment trouvé, elle n’attendit pas longtemps avant de frapper à la porte et d’être prise dans les bras par l’ancienne lionne. Un contact qu’elle ne pensait pas réellement avoir besoin et qui pourtant, la réconforta. Elle la serra bien sur en retour et lui offrit un léger sourire lorsque celle-ci la relâcha. Elle hocha la tête avant de laisser son regard parcourir la grande pièce et cette fois, c’est un vrai sourire qui orna ses lèvres. « Merci beaucoup, c’est parfait » lui assura t’elle sans mal. « Et encore merci pour… tout. Je ne sais pas vraiment pas quoi dire d’autre » A ses yeux, ce geste que Katie lui avait tendu valait plus que n’importe quoi. « Je me ferais toute petite, promis » Jusqu’au jour où elle retrouverait – si ça arrivait un jour – toute la fougue qu’on lui attribuait normalement. « J’ai apporté quelques affaires » dit-elle en montrant son sac déposé sur le sol. Entendez par là, ce qu’il en restait. Se penchant pour l’ouvrir et sortir une petite plante, elle la tendit à Katie. « C’est un Bonsaï. Il a déjà quelques années derrière lui mais encore toutes autant à vivre » Le seul être-vivant resté dans la maison qu’elle avait voulu emporter pour offrir à son amie qui lui prêté l’hospitalité. « Comment te sens-tu ? » Une question qu’elle évitait de poser et qu’elle détestait entendre mais Katie était son amie et ça l’intéressait vraiment.