home is where you are (katie)

flashback
puddletown - juin 1997

« A demain capitaine ! » lança la voix enjouée d'un de ses coéquipiers alors qu'ils se quittaient en sortant du centre d'entraînement. Oliver transplana avec un sourire aux lèvres pour rejoindre son domicile. Son appartement dans une petite ville moldue n'était pas luxueux - Oliver aurait eu de quoi s'offrir quelque chose de plus imposant - mais il en aimait le confort. Il s'était habitué à cet endroit qu'il occupait depuis tant d'années, à une époque où la célébrité ne faisait pas encore partie de son quotidien. C'était ce qui se rapprochait le plus de sa maison - en dehors de n'importe quel terrain de Quidditch bien sûr. « Une douche est nécessaire pour qu'au monde tu puisses plaire ! » La voix de Meriam la bienveillante résonna dans l'appartement dès que Oliver en franchit le seuil. Il ne lui accorda pas le moindre regard. Il lançait parfois un sortilège de mutisme à ce tableau animé particulièrement agaçant et sans-gêne mais l'effet finissait toujours par s'estomper si bien que Oliver ne prenait plus la peine de le faire autant qu'avant. En outre, même s'il ne souffrait nullement de solitude après des journées entières passées auprès de plusieurs personnes, Meriam était la seule voix qui se faisait entendre ici. Et elle n'avait pas toujours tort : Oliver suivit son conseil et fila prendre une douche.

present day
puddletown - juin 1998

Avachi dans son canapé, Oliver feuilletait un vieux magazine de Quidditch. C'était une édition spéciale qui avait été consacrée à Flaquemare quelques temps après sa nomination en tant que capitaine. Le magazine comportait une interview de chacun des joueurs et un grand nombre d'anecdotes sur le club. Même si sa photographie figurait en couverture et en double-page intérieure, ce n'était pas ce qui intéressait Oliver : la célébrité n'avait jamais été son affaire. Ce qu'il aimait, c'était retrouver l'âme du Quidditch d'autrefois. En relisant ce magazine, il se rappelait de l'époque glorieuse où le Quidditch était littéralement toute sa vie et le bonheur et la sérénité qu'il ressentait. Maintenant les choses étaient bien différentes... Il était éloigné de force du Quidditch et cette situation le plongeait dans un désarroi sans nom. Finalement Oliver jeta le magazine en arrivant aux pages consacrées à l'équipe de réserve et que le visage de celle qui avait été sa meilleure amie apparut sous ses yeux. De toutes les personnes de la terre, elle était celle à qui il avait le moins envie de penser. Il se demandait même si elle n'était pas pire que Marcus Flint - et ce n'était pas peu dire. Un bruit dans la serrure attira finalement son attention. Oliver se redressa avant de se lever quand la silhouette familière de Katie pénétra dans l'appartement. Il lui avait donné sa clé il ne savait plus trop quand, si bien que Katie pouvait venir dès qu'elle le souhaitait. Ces retrouvailles étaient toujours le plus beau moment de la journée d'Oliver. Il se dirigea spontanément vers elle. Si son visage était trop crispé pour qu'un sourire fleurisse sur ses lèvres, son regard traduisait sans mal l'affection qu'il avait pour elle et le ravissement qu'il ressentait à sa simple vue. Il profitait toujours allégrement des premières minutes de chacun de leur rencontre ; elles étaient les plus belles et les plus innocentes. Dès que l'un d'eux parlait, la douleur et l'horreur s'insinuait forcément dans la beauté de leur relation. « Bonjour Katie.. Ou bonsoir ? » Il ne savait plus très bien. Perdu sans le Quidditch, perdu dans un quotidien où chaque journée ressemblait à la précédente, il avait aussi perdu l'habitude de regarder l'heure. Instinctivement, Oliver tendit une main vers celle de Katie pour la serrer. Le contact était chaud, doux, lui déclenchant des frissons de bonheur que seule Katie était capable de provoquer chez lui. C'était un contact qui en appelait d'autres, de nombreux autres dans lesquels il pourrait se noyer - mais qu'il n'osait pourtant pas provoquer. La voix de Meriam le rappela à la réalité du monde : « Une douche est nécessaire pour qu'au monde tu puisses plaire ! » Il était dans un état épouvantable : en pyjama, des mèches de cheveux tombant devant ses yeux ; loin d'être à la hauteur de la beauté de Katie. « Oh, désolé. Je vais aller me laver. Tu peux nous préparer un thé en attendant ? » Car la venue de Katie était la seule chose qui pouvait encore lui donner envie de retrouver un quotidien serein, un quotidien fait de discussions autour d'un thé, un bonheur si simple et si fort qui avait failli leur être attaché. Il leva brièvement la main de Katie vers son visage, comme pour déposer un baiser dans sa paume, mais se ravisa face à l'intimité de ce geste. Il ne savait plus très bien où en était leur relation et les limites de celle-ci. Mettre Katie mal à l'aise et la faire fuir était encore la pire chose qui pouvait lui arriver - un coup de massue - alors il se restreignait et jouait de prudence pour garder cet équilibre précaire qui était désormais sa seule raison de vivre. Il s'éclipsa quelques minutes pour aller profiter d'une douche brûlante et enfila une tenue plus décente : un pantalon de toile et un tee-shirt noir. Les maillots de Quidditch étaient tous enfermés dans l'armoire de sa chambre désormais. « Tout va bien ? » demanda t-il à Katie en entrant dans la petite cuisine où il entendait l'eau bouillir. C'était une question indispensable à chacune de leur rencontre, qui arrivait toujours rapidement ; s'assurer que le monde ne s'était pas effondré. Pas une nouvelle fois.